Les quatre premiers jours, furent une mer de tranquillité...
Les loups suivaient à distance, sans jamais attaquer...
Jackie et Toy-rions, profitèrent de cette accalmie pour faire connaissance, expliquant l'un à l'autre, les événements familiaux, ayant abouti à leur rencontre.
Ce dernier a ramené de ses voyages, un petit arbuste et les abeilles qui le butinent, que la mère de Scarlett, l'amie de Jackie, a replanté sur ses terres de Basse-Louisiane.
Le miel produit est exceptionnel !
Il soulage et guérit de nombreux maux et favorise grandement, la cicatrisation de toute plaie ou amputation.
La mère de Scarlett, une Française qui a rencontré son Irlandais de mari à la Rochelle, s'entend très bien avec les Indiens locaux.
Ce sont eux qui s'occupent des plantations, situées dans les bayous et dont la localisation demeure secrète.
Car l'église de France, tout comme les pasteurs anglicans des douze colonies, voient d'un très mauvais œil, ce miel miraculeux, qui leur fait perdre des clients souffreteux et les dons qui vont avec.
Difficile d'encaisser les dividendes de la charité, quand il n'y a pas de miséreux à sauver, encore moins, s'il s'agit d'Indiens même pas baptisés.
Considérant que ce miel n'est que diablerie, détournant les fidèles de la vraie foi, c'est conjointement que les deux églises, bien qu'ennemies, ont jeté l'anathème sur le Manuka.
Ce type d'alliance, ayant engendré dès le Moyen-Âge, le sinistre Office Die-Us.
Une fois de plus, une prohibition sanglante est lancée, avec pour mot d'ordre, de ne faire aucun prisonnier.
Du moins, aucun qui ne puisse parler.
Tout en se gavant de la marchandise récupérée...
C'est un pirate anglais, reconvertit comme contrebandier, un certain Getrod Jack Spyraw, qui assure le transport du miel, grâce à son véloce Clipper, le Dark Bible.
Effectuant les allers et retours, entre la Nouvelle-Orléans, Philadelphie, New York, Boston et le Golfe du Saint-Laurent, en se jouant des navires adverses, grâce à sa vitesse.
La journaliste doit d'abord livrer des graines de Manuka à Mamayrmayoda, qui les plantera aux abords de sources chaudes, ensuite, Jackie doit se rendre en traîneau à Québec, afin d'y convoyer une cargaison de champignons séchés, qui sera transbordé par barque, jusqu'au Dark Bible.
De son côté, Toy-rions lui explique, qu'à la maison, se jouait régulièrement massacre à la scie douloureuse et que très tôt, dégouté par la cuisine de son père, il s'était astreint à cultiver le potager et à pêcher truites et autres poissons, pour subvenir à son alimentation.
Mais au soir du quatrième jour, le traîneau rebondit sur un gros rocher, dissimulé sous la neige.
Le ski gauche brisé, plus possible d'avancer avec l'attelage, Jackie s'en trouve obligé de détacher les chiens.
C'est à ce moment que le hurlement se fait à nouveau entendre...
Pas celui des loups, mais l'autre, celui émit par la louve, lorsque Toy-rions a fui sa maison, sauf que là, il n'y en a pas qu'un seul...
Dame Red, ne se sent pas très bien, le pasteur, au gout de vieille carne faisandée, est très difficile à digérer.
De plus, les fers en argent, ont entamé ses poignets et chevilles, qui sont encore fort douloureux.
Pas question de gambader dans la neige et certainement pas pour une traque.
Bonne nouvelle, l'aigle a bien acheminé le message à ses cousins, aussi, ce qu'elle voit dans le miroir, placé au milieu des flammes de la cheminée, lui procure une grande joie.
Oui !
Les miroirs ont cette propriété de permettre de visionner des évènements distants, à la condition, toutefois, de connaître la formule runique, interrupteur magique, et d'avoir à disposition, quelques gouttes de sang humain...
Ce dernier est l'équivalent de l'électricité pour nos machines actuelles, la quantité déversée, déterminant le temps de visionnage.
Mais de ce côté-là également, le pasteur n'a pas été très généreux.
Pour le moment, elle voit très bien Jackie et Toy-rions, courir vers le sommet d'une colline, afin d'échapper à une meute, bien plus rapide qu'eux.
Seul chien à être resté, Dents Blanches, qui sentant le danger encouru par sa maîtresse, fait volteface, pour se ruer vers le garou de tête qui les rattrape...
Sauf que dans un mouvement déviant, il esquive le contact et se carapate, en jappant tel un chihuahua, qu'un rottweiler poursuivrait de ses assiduités amoureuses...
Fatalitas, fatalitas...
L'on n'est jamais trahie que par les siens.
Mais, quelques précieuses secondes ont été gagnées...
Arrivés tout en haut de la colline, Jackie et Toy-rions tombent nez à nez avec une tyrolienne.
Sans se faire prier, ils se jettent littéralement dans les wagons suspendus...
Bien-sûr, les garous font de même, si ce n'est qu'ils sont beaucoup plus lourds !
Le câble n'en demandait pas tant pour céder et tous se retrouvent à chuter dans les eaux glaciales, d'une rivière, dont la tyrolienne assurait justement le franchissement.
Une rivière aux eaux rapides, car, chose logique, parsemée de rapides...
Toy-rions, tient le sceptre et l'arbalète de ses deux mains, enserrant Jackie de ses deux autres.
Ballotements et coups de griffes, chocs sur les rochers, eau qui roule et tourbillonne, la scène se répète maintes fois, sur plusieurs lieux...
Jusqu'à une berge, où tous s'échouent à moitié noyés...
Les garous sont les premiers à reprendre du poil de la bête.
Devant son miroir, Dame Louve exulte, saute de joie, tambourine, tape des pieds, se met à danser et hurle son bonheur, tout en applaudissant !
Quand soudain...
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Le sang à fait son temps.
-"Ho non !"
-"Rhaaa ! Faut toujours que ça flanche au mauvais moment !"
-"Circé !"
-"Circé, où es-tu, ma chérie ?"
-"J'ai besoin, de quelques gouttes de ton sang..."
-"Un bon litre devrait suffire."
-"Circé ?"
-"Ho ! Sale ingrate petite garce !"
Profitant de l'inattention de sa geôlière et imitant son frère, Circé s'enfuit à son tour dans le froid, le vent et la neige...
Celle que les gens surnommeront désormais, la borgne édentée, engendrera d'ici à quelques mois, une lignée, qui avec les siècles, fera amèrement regretter à Dame Red, de l'avoir si gentiment épargné...
